Gilles Verdet, Voici le temps des assassins, éditions Jigal — février 2015 (231 pages)
Une vieille tradition veut qu’un lectorat non coutumier du fait s’adonne à la consommation immodérée de polars durant la période estivale. Je pensais ne pas en faire partie et me voici pourtant en contradiction avec mon absence habituelle d’empathie pour les flics et les délinquants, puisque j’ai dans mon escarcelle du James Ellroy et du Gilles Verdet.
Oui, vous avez raison, personne ne sait qui est James Ellroy et qui plus outre, on s’en fiche un peu.
Gilles Verdet, donc, est un romancier et un nouvelliste de talent. Je le dis en toute objectivité, puisqu’il a obtenu le Prix Prométhée de la Nouvelle.
C’est un parisien amoureux de sa Paname ; un chat parigot et dandy en équilibre sur les toits de Paris ; un arpenteur infatigable qui emprunte aux félins leur goût pour la chasse à plume, croquant ainsi des tableaux d’atmosphère et des portraits de chair avec une langue gourmande et pas toujours châtiée.
Gilles Verdet a l’œil américain, la culture d’un gentilhomme et le rythme d’un fixé au jazz. J’ajoute que le travail artisanal du style, l’humour et la justesse des dialogues participent dans une heureuse homéostasie à son credo.
Dans son dernier roman policier, « Voici le temps des assassins », la poésie s’impose et Verlaine et Rimbaud frappent avec leurs rimes, de concert avec la Mort qui, elle, frappe avec un sens singulier de la discrimination, car les cœurs cessent de battre dans le corps d’anarchistes qui semblent avoir tous un lien, mais lequel ?
Braquage, meurtres, trahison, semaine sanglante et quais de la Seine tourbillonnent dans une sarabande où le héros de l’histoire, Paul, réchappe, survit, enquête, aime, boit, réfléchit et photographie pour le plus grand bonheur du lecteur.
Capuchon sur le Montblanc, le personnage de Paul est un sensoriel particulièrement auditif et mélomane qui sait aimer et désirer les femmes sans aucun cliché sexiste.
Gilles Verdet nous offre un roman noir et engagé qu’un de la Manchette appréciera en connaisseur.
Présentation de son éditeur :
« Verlaine, Rimbaud et consorts… Quand les poètes maudits servent de socle au polar !
Un casse à Saint-Germain-des-Prés qui tourne mal. Un braqueur au tapis, Simon, flingué à bout portant par deux princesses saoudiennes qui se tirent avec le butin… Paul en réchappe et s’enfuit sans comprendre… Ailleurs, une femme s’immole en chuchotant un poème… Puis c’est au tour des autres, les amis de Paul, de mourir au son des rimes : écrasé, flingué sur les vers de Verlaine, suriné, étouffé en écoutant Rimbaud… Tous d’anciens anars rescapés des temps d’avant… Avant la semaine sanglante… Avant que l’eau noire de la Seine ne réveille des souvenirs oubliés… Avant le temps des assassins…
Dans ce roman, où l’on croise les spectres de Rimbaud et de Verlaine, Gilles Verdet nous entraîne à sa suite sur les quais de Seine, pour une semaine sanglante peuplée des fantômes du passé, ses vieux potes anars – tendance canal historique et époque communautaire –, tous plus morts les uns que les autres sans avoir bien su pourquoi… Ils ont été flingué, suriné, écrasé ou étouffé… du dur et du définitif mais toujours en rime ! De la Commune de Paris, aux manif’ à la Bastoche, Paul, embarqué dans une spirale infernale, va enquêter et essayer de comprendre en remontant le temps, tout en recueillant davantage de questions que de réponses… C’est un roman sonore où la musique, le Jazz, le son des rues et les cris des marchés racontent une histoire… C’est un polar romantique écrit par un gamin de Ménilmontant, rêveur et amoureux des pavés parisiens… C’est aussi et surtout un roman noir qui a du sens, sensible, engagé, combatif, littéraire, poétique, révolté et écrit… Oui, écrit… et avec une sacrée belle plume… ! »
Ils en parlent aussi :
Jérome Cayla
Les 8 plumes
Au pouvoir des mots
Claude Le Nocher
Cassiopée
Jean-marc Volant
Jeanne de Bascher
Velda ,
etc.
Bibliographie :
Une arrière-saison en enfer, Gallimard Série Noire
Larmes Blanches, Buchet Chastel
La Sieste des hippocampes, Éditions du Rocher