La nuit de Régis Martin avait été chambardée. Il était sorti après cinq verres — il renonçait à se soûler tout seul, espérait rencontrer quelqu’un dans le même état d’esprit. Il filocha pour éviter la police, conscient de sa démarche bancale. Il serra dans sa poche l’attestation de déplacement dérogatoire rédigée ce matin pour acheter des cigarettes, espérant qu’elle ferait illusion s’il croisait tout de même les forces de l’ordre. Larrieu avait mis un filtre à l’entrée de son tabac mais il manipulait les espèces avec les mains nues. Martin n’y avait pensé qu’après avoir rangé la monnaie dans son portefeuille.La rue Gambetta était vide comme si l’armée russe la surveillait. Hier encore, les bouteilles et les verres circulaient sous les arbres, en bas des immeubles, de chaises en bancs, poussés par des mains expertes.
Les gens se réveillaient avec une gueule de bois et la peur d’être contaminés par une cochonnerie entre la grippe et la peste, on ne savait pas trop bien quelles informations étaient les bonnes. Martin heurta de plein fouet un grand type mou à l’angle de la rue Simonge qui lui aussi se moquait de respecter les consignes.
— Désolé, mon vieux ! Je ne vous ai pas vu.
— Quoi ? Putain, mec, tu m’as pas calculé ? Mais j’encule ta mère, sale bâtard ! Par la barbe du Prophète, je te crache à la gueule ! T’es dead, man ! Wallah je vais te tuer au corona.
Le jet de salive arriva en plein dans le visage de Régis Martin et l’ivresse quitta son sang.
Une attaque de panique le fit vomir aussitôt.
Aujourd’hui, la fête était terminée…
Chronique des confins #1

2 réponses à “Chronique des confins #1”
Le droit d’asile a été limité , mais on se retrouve tous enfermé, c’est fou ! Votre Régis Martin fait face à la pénurie de gel hydroalcoolique avec une solution d’idiot alcoolique…
Nous avons à Grenoble, un journal alternatif « Le postillon » fort virulent, certains candidats aux municipales, sous prétexte des gestes-barrières
auraient voulu le faire interdire;
l’interdiction de voyager serait l’occasion de supprimer les mots valises.
Amicalement !
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C’est que les postillons, c’est contagieux. 🙂
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