Une rivière marquait la distorsion, que l’on appelait depuis toujours La Serpentine, allusion à ses incurvations et à ses dangers. Elle avait empêché la concentration urbaine en cela que le transport fluvial y était impossible, mais la vérité était que C. était la dernière ville où l’on voudrait vivre, à moins d’avoir quelque chose à se reprocher.
La partie la plus ancienne de la ville de C. était posée sur le flanc de la colline tandis que la plus récente avait grignoté la plaine sous l’impulsion de l’industrialisation galopante. Il en restait peu de traces aujourd’hui, une scierie et une usine textile. Le patron de la première ne trouvait pas de remplaçant avant son départ à la retraite et la deuxième était en liquidation.
La route 21 qui la traversait, quand on l’observait sur une carte, donnait l’impression qu’elle aussi était désaxée ; on aurait dit une artère qui remontait vers le foie de la France à la place de son cœur. Et dans cette artère, si l’on se plaçait à hauteur d’oiseau, on observait les quelques hématies d’un mauvais sang qui circulaient sans volonté apparente, se suivant les unes les autres en adaptant leur allure à la route. À bord d’un de ces véhicules, Alma Rozen montait vers une vérité que sa mémoire avait perdue.
(roman en cours d’écriture)
2 réponses à “L’Ombre d’un doute #1”
Ben, ça donne envie de connaître la suite. Belle mise en train en tout cas.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci Francesco. 🙂
J’aimeJ’aime